Organisé par le World Trade Center, Algeria Tourism Awards est un événement qui récompense les acteurs du tourisme en Algérie, il s'est déroulé le 06 Avril 2022 au Centre International des Conférences à Alger. Le GAAN a pris part à cet événement, voici le discours intégral  du Président M. Tadjeddine BACHIR :

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

C'est avec fierté et gravité que je me tiens devant vous aujourd'hui.

Lors de cette courte allocution, permettez-moi de partager avec vous deux états d’âme: une peine, puis un espoir.

Nous sommes au début d'un siècle qui s'annonce grandiose. Il verra sans aucun doute l'avènement d’une singularité technologique. Entre la révolution quantique et sa promesse de calculs quasi-illimités, la réalisation de la fusion nucléaire pour une énergie propre et abondante, la pratique du voyage interplanétaire qui exploite de nouvelles ressources, la démocratisation de l’intelligence artificielle ou la généralisation de la thérapie génique, la vie de milliards d’êtres humains est sur le point d’être irrémédiablement transfigurée.

Le touriste du futur, puisque c’est de tourisme dont je dois deviser, voyagera de Paris à Tokyo en moins de deux heures. Sûrement, son hébergement sera de très Haut Standing, ce qui sera semble-t-il la norme d’ailleurs, et le 1 étoile de l’avenir équivaudra à nos 4 étoiles d’aujourd’hui. Aussi, les plus téméraires iront s’essayer au tourisme zéro gravité en orbite basse ou passer quelques jours dans des hôtels spatiaux. Tout cela en n’utilisant à aucun moment de l’espèce.

Quelle sera notre place, nous Algériens, dans cette vision de 2060?

Quelle sera notre participation dans le parachèvement de l'œuvre Humaine?

Profiterons-nous de cette singularité et de l’immense richesse qui en découlera ou serions-nous encore et toujours d’éternels spectateurs?

Je vous le dis solennellement mais gravement:

Mes amis, le gap grandit, et il s’agrandit en accélérant, si bien que bientôt il nous sera impossible de le combler. Il y a urgence à agir, là est tout le propos de mon intervention.

Nous pourrions philosopher des heures sur les raisons de notre retard. Nous pourrions invoquer des causes historiques, géopolitiques, techniques, financières, culturelles voire religieuses. Nous pourrions prétexter une myriade d’excuses … mais, permettez-moi de l’annoncer de butte-en-blanc, la vérité est que l’agent de notre inertie, notre ennemi éternel n’est autre que la crainte. Oui! nous craignons le futur, nous craignons le progrès.

S’il y a bien une chose que ces longues années passées sur Terre m’ont appris c’est que “derrière tout acte bureaucratique se cache en réalité une peur et dans chaque entrave se terre une crainte”.

Ces longs dossiers fastidieux que l’on exige plus que de raison dans diverses administrations couvrent en réalité une peur. Ces obstacles que l’on met sur le chemin du touriste étranger pour obtenir un visa, dissimulent une réserve pour tout ce qui vient de loin. Tous ces plafonds, ces vérifications, re-vérifications, attestations et autorisations occultent tous une crainte de la perte de contrôle.

Eh bien, messieurs dames, je dis que ce sont là des choses qui doivent changer; je dis que l’Etat et le privé doivent dépenser toute leur force, toute leur sollicitude, toute leur intelligence, toute leur volonté, pour que de telles choses évoluent !

L’Heure exige de nous de l’audace, du courage et de l’intrépidité.

Nous nous devons d’être ces Hommes et ces Femmes forts dans les moments difficiles.

Afin de bien faire comprendre mon propos, il n’est guère question ici ni de naïveté ni de précipitation. Le monde qui nous entoure est complexe et j’entends bien que l’on ne peut se défaire de procédures pour protéger la patrie.

Il est ici question de gestion de risques, de calcul des bénéfices et des dangers.

Aussi:

La vérification ne doit pas disparaître, elle doit être invisiblisée.

L’enquête ne doit pas être abolie, elle doit être efficace et discrète.

L’autorisation ne doit pas être sur papier, elle doit être numérique.

L’administration ne doit pas être physique, elle doit être virtuelle.

Le dinar doit être numériquement convertible dans les deux sens, aux entrées et sorties du territoire, par le moyen de cartes de crédits temporaires générées dans les aéroports et que le touriste utilisera pour ses dépenses. Ainsi, le paiement électronique et par carte se généralisera naturellement car aucun commerce ne fera l’impasse sur une clientèle étrangère.

L’offre d’hébergement aussi bien étatique, privée ou de celle de simples citoyens doit être digitalisée, non pas par la force de la loi mais par l’attrait que permettra un afflux massif de devises étrangères.

Comme vous le voyez, le programme est audacieux pour ne pas dire ambitieux. Il nécessitera de la technique, que nous préférons locale, pour d’évidentes questions de souveraineté de la donnée. Je n’ai aucun doute que la richesse principale de ce pays est sa jeunesse intelligente et entreprenante. Ils sont déjà nombreux, ces jeunes, dans l’ombre de nos villes et de nos cités à réfléchir, à développer et à déployer des systèmes numériques qui répondent à ces défis. Chacun dans son coin, sans une réelle convergence ou stratégie globale qui canalise ce flux créatif.

Pour cela, il est nécessaire que l'État exprime clairement et sans ambiguïtés ses besoins dans le domaine du numérique. Il faut avoir confiance dans la jeune génération et lui permettre de proposer sa vision de la solution et de l’avenir du pays. En effet, un appel à toutes les compétences nationales, bâti sur une vision clairvoyante générera une dynamique qui traversera toute la société.

J’aurai un dernier conseil à donner, débarrassons-nous de la crainte ultime, celle qui castre et paralyse: la crainte de l’échec.

Des échecs il y en aura, et tel un jeune enfant qui découvre son monde, notre nation ne pourra faire l’impasse sur cette phase nécessaire à son développement.

Soyons indulgents envers nous-mêmes. Avançons, tombons et relevons-nous de nouveau, il n’y a aucune honte à celà.

En définitive, Dieu a fait de nous les gardiens de l’un des plus beaux coins de cette planète et il est de notre devoir de le faire découvrir à tous nos frères humains.

N’ayons pas peur d’ouvrir nos frontières aux citoyens du monde curieux de visiter notre si beau pays. N’ayons pas peur de nous ouvrir aux autres.

N’ayons pas peur de faciliter la circulation des biens et des personnes, des idées et des capitaux.

Faisons de nos plages le rêve éveillé de l’Humanité.
Rendons à notre Sahara la magie qui a ensorcelé des générations d’explorateurs et d’orientalistes. Que nos montagnes vibrent à nouveau de contes oubliés depuis tant de générations. Refaisons d’Alger la Mecque des idées, le carrefour multi-éthnique et multiconfessionnel qu’elle a été naguère.

Ayons le Courage, ayons l’Audace.

GENS UNA SUMUS